Un ciel si vaste, un silence divin
Un texte proposé par Madame Marie-Claude Chappuis
Il nous reste en Suisse quelques régions où la nature est intacte.
Il m’arrive de dire que si Schubert ou Mozart revenaient, ils ne seraient pas dépaysés.
C’est dans une de ces régions qui s’appelle la Glâne fribourgeoise que j’ai déposé mes bagages.
J’apprends avec effroi que ma commune s’apprête à donner le feu vert pour transformer une des plus belles régions de Suisse en zone industrielle afin d’y implanter plus de 30 monstres bruyants de 200 de mètres de haut (200M c’est deux fois et demie la cathédrale de Fribourg) et cela à 300 m de nos maisons de plaine.
Les choses se planifient en cachette des habitants. Ils doivent savoir ceux qui prennent ces décisions dans notre dos que c’est un horrible massacre qu’ils sont en train d’organiser. Lorsqu’on est fier et convaincu d’un beau projet, on en parle, on ne le fait pas de façon sournoise.
Après avoir trouvé trop de résistance en Suisse allemande, des promoteurs, avides de pomper les subventions de la Confédération pour leurs machines non-rentables, (c’est justement cette non-rentabilité que subventionneraient nos impôts) se lancent à la recherche de communes manipulables. Bingo ! après la Gruyère qui intelligemment refusé, voici la Glâne qui se laisse rouler facilement dans la farine.
Si la Suisse allemande a refusé ces monstres destructeurs c’est peut-être parce qu’elle est au courant des graves problèmes de santé que ces machines engendrent dans l’Allemagne voisine, c’est peut-être aussi parce qu’en allemand on dit « Windkräfte » et ces consonnes qui claquent « Windkräfte » disent tellement plus justement de quoi il s’agit.
Éoliennes, quel nom sympathique, on le prendrait presque en bouche comme un caramel mou. « éoliennes ».
Il n’y a pas assez vent en Suisse pour ces machines.
Elles sont peut-être efficaces au bord de la mer du nord ou dans le puissant mistral du sud ?
Vous avez vu beaucoup de moulin à vent vous, en Suisse ?
Comme en Hollande par exemple ?
De tout temps, la Suisse n’a jamais eu de moulin à vent car ce n’est pas un pays où le vent est favorable aux moulins.
Elle n’a pas encore de loi dans sa constitution en ce qui concerne les distances à respecter avec les habitations alors que l’Angleterre après 30 ans d’expérience exige une distance minimale de 3 kilomètres et que l’Allemagne exige une distance de 2 km sur recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Comme le dit la chanson de Michel Bühler, « au nom de l’écologie, du progrès » on va massacrer des forêts, faire disparaître les oiseaux, nuire à la santé de bien des villageois, détruire les paysages pour les siècles à venir.
Ces quelques coins de paradis qu’il nous reste voulons-nous vraiment les transformer en enfer. Et tout cela pour le Groupe E, une entreprise privée qui ne cherchent qu’à s’en mettre plein les poches avec les subventions de la Confédération et nos impôts ?
Au fait, ces subventions, on les prendrait volontiers, nous, les acteurs culturels.
Ma commune s’appelle Vuisternens-devant-Romont
Et j’habite le joli village de Sommentier C’est un bijou de calme et de beauté J’ai chanté dans le monde entier J’ai vu des centaines de villes et de contrées L’Asie, l’Amérique, la Russie, la Scandinavie J’ai vu de nombreux villages aussi Je n’ai trouvé nulle part ailleurs un lieu aussi serein Un ciel si vaste, un silence divin. J’en appelle à l’intelligence humaine.
Dans une époque où l’on ne peut plus chanter, se serrer dans les bras, dans une époque de grave souffrance pour tant de gens touchés par la maladie, tant de secteurs sinistrés, allons-nous encore détruire le peu de nature qu’il nous reste ?
Je rêve d’un temps nouveau où l’on arrêtera le mensonge, la manipulation, les massacres pour l’appât du gain.
Il est encore temps, réveillons-nous. Protégeons la BEAUTE !
Et ci-dessous vous pouvez écouter la version sonore de ce texte de et par Marie Claude Chappuis